Tu as écrit le scénario de Sheitan avec ton père. Quelles références partages-tu avec lui ?
Il s’agit de références totalement communes puisque je suis né dans son univers. Les 3/4 viennent de lui : la bd, les comics.
Robert Crumb qui est mon dieu absolu,
les Freaks brothers.
Richard Corben,
Stefan Wul,
Reiser...
C'est l'univers de mon père et je suis né en plein dedans.
Que signifie le terme Sheitan ?
Sheitan, c'est le diable en arabe. Au sens religieux et historique du terme.
C'est un mot qui est dans la bible, dans le coran. Le terme est rentré dans le langage actuel. C'est avoir du vice, être malin, savoir se débrouiller... c'est presque devenu une qualité. On joue un peu sur le double sens.
Tu penses toi même être sheitan ?
Je suis complètement Sheitan ! (rires)
Vous êtes-vous fixés des limites par rapport au scénario, pour éviter la censure ?
Aucune limite. C'est le scénario que nous avons écrit dès le départ. Ni les producteurs, ni les distributeurs n'ont censuré quoique ce soit. A la fin nous sommes passés devant la commission et ils nous ont donné une interdiction aux moins de 16 ans.
Avant cela, le film était exactement le même. On s'est peut-être censurés pendant ton auto fellation… (en regardant Vincent)
Vincent : Mais elle existe, elle est quelque part. On la sortira plus tard. Dans un DVD collector, dans dix ans....
Que penses-tu du cinéma de genre en France ?
Ça fait longtemps que je ne suis pas allé au cinéma en fait. Ces derniers temps, je voulais faire du cinéma donc je suis resté enfermé chez moi.
A la projection de Sheitan, tu l’as présenté comme un film comique. Or ce côté ne transparaît pas sur le site et la bande-annonce, pourquoi ?
Pour créer une surprise. On s'est planqué derrière l'horreur. On trouvait ça plus marrant, plus classe de se planquer derrière. Si le film était interactif, l'humour, ce serait les bonus cachés.
Nous avons constaté qu'il s'agissait souvent d'un rire nerveux.
Quand on rigole, c'est un rire tellement profond, à la limite, on se regarde pour savoir si l'on doit rire. Les premiers rires d'une projection sont un vrai régal pour nous.
Pourquoi avoir demandé à la salle de foutre la merde et de casser les sièges ?
J'inciterai de plus en plus à cela. Je considère qu’aller au cinéma c'est une fête. C'était plus une fête avant. Il y avait de la musique, comme si on allait à un concert. Maintenant on y va avec notre carte, à moitié endormi, parfois on se tire à la moitié du film. J'aime bien les premières séances où c'est blindé, avec le gros relou à côté qui dit plein de conneries. C'est un moment que l'on passe avec plein d'autres gens, sinon on reste chez soi à regarder un DVD.
As-tu un projet futur ?
Faire un film radicalement différent de
Sheitan. A son opposé : un hymne à l'amour totalement assumé. Il n'est pas encore écrit mais il y a déjà beaucoup de pistes.
Toujours avec le même humour ? Autant Nakata arrive à faire peur avec une goutte, autant tu arrives à faire rire avec une goutte.
L'humour reste pour moi l'émotion qui est la plus fédératrice. Ça m'a toujours fait plaisir de faire marrer une salle.
Le prochain projet sera-t-il aussi écrit avec ton père ?
J'espère. S'il veut bien. J'adore travailler avec lui. Ça se passe super bien.