Jean-Charles Gaudin, après un passage par le cinéma de court-métrage et le cinéma « institutionnel » arrive à l’écriture de scénarii de BD, en 1998, avec Marlysa. Dans le domaine de la Fantasy, les aventures de cette héroïne masquée, aux formes généreuses, deviennent rapidement une des séries phares des Éditions Soleil.
Depuis, l’auteur n’a cessé de nous régaler avec des histoires aussi riches en péripéties que drolatiques avec ses univers décalés comme : Les arcanes du Midi-Minuit, Galfalek ou L’ombre du Cinéphage…
Aujourd’hui, il aborde l’adaptation de romans de Fantasy. Mais pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de la saga de L’assassin Royal de Robin Hobb ! Avec Le Bâtard, le premier tome, il inaugure également Cherche Futurs, la nouvelle collection des Éditions Soleil, dirigée par Mélanie Turpyn.
Rencontre avec ce créateur aux multiples talents :
J’ai tout d’abord connu la série par des amis qui en étaient vraiment fans. J’ai donc commencé à la lire pour passer ensuite à d’autres lectures. Même si j’aimais les romans, je finissais par m’en éloigner à cause du nombre de tomes proposés et comme j’apprécie tous les genres de romans, j’ai fini par papillonner pour laisser la série en stand bye. Est arrivée ensuite la proposition de Mélanie (directrice de la collection) que je me suis empressé d’accepter. J’avais d’excellents souvenirs de L’assassin royal. Je me suis replongé dans cet univers avec plaisir. La série est passionnante de par ses personnages et son contexte.
Il s’agit ici d’adapter une série, et c’est bien différent de l’adaptation d’un seul ouvrage. Pour L’Assassin Royal, j’ai cherché à retranscrire le plus fidèlement possible le ressenti que j’ai eu à la lecture, l’idée étant de ne pas faire le malin avec le matériau original. Je voulais garder la fraîcheur que le lecteur a forcément quand il entame la lecture de cette saga. Il lui est impossible de savoir ce qu’il va se passer au tome 10… J’ai voulu conserver cette « suspension » en restant le plus fidèle possible au déroulé de l’histoire. L’idée ici, est de faire une BD qui soit un reflet fidèle de la saga. L’amateur des romans peut ainsi se plonger dans la bd pour la « relire » et le novice, s’attaquer à la lecture des romans après la lecture de la bd.
Vaste question ! La saga foisonne d’éléments marquants. Tout est subtilement agencé pour transporter le lecteur. A lire et à relire les ouvrages, j’ai pu constater que Robin Hobb faisait un travail extraordinaire. Elle ne laisse rien au hasard. Cette exigence démontre un travail et une précision de tous les instants.
On aborde ici une question délicate. A la lecture d’un roman, on se fait toujours une idée des personnages. Pour mes scénarios, je les décris en laissant le plus possible d’ouvertures au dessinateur. Laurent Sieurac connaît parfaitement la série. Il a sa vision des choses. Chacun a une image des héros en tête. Il y a donc forcément des divergences. Je veille surtout à ce qu’on ne trahisse pas l’intention des personnages. Le dessinateur a la lourde tâche de garder la cohérence graphique de l’ensemble. Si c’est à moi de trancher en matière de scénario, c’est tout autant au dessinateur de trancher en matière de dessin, l’optique étant de fournir le meilleur album possible.
Je suis les indications de l’auteur. A la lecture, j’ai surligné l’ensemble de ces indications, mais je sais aussi que Laurent s’en est nourri de la même manière. Dans un tel univers, c’est un travail de longue haleine. Si je dois décrire dans le scénario toutes les indications du cadre, Laurent doit les mettre en image. C’est un sacré challenge.
Puisque je garde la structure de l’intrigue, je n’ai pas fait ici de synopsis détaillé comme j’aime à le faire. Je fais un gros travail de relecture où je commence à modeler les scènes pour les rendre plus visuelles sans laisser d’informations importantes sur la touche. Mon ouvrage de référence est annoté, biffé, colorié… J’en ressors les idées, l’ambiance, la structure et je les organise pour aboutir aux planches. Je fournis alors un scénario complet sur lequel Laurent me donne ses impressions. Il y a ensuite des retouches pour arriver à une version définitive.
L’avantage ici, c’est que je n’avais pas besoin de me creuser les méninges pour inventer une intrigue. A ce niveau-là, c’était donc plus relaxant. Créer l’intrigue, c’est toujours un très, très gros travail sur l’écriture d’un scénario. Par contre, la difficulté ici, c’était plutôt de ne pas trahir le propos d’autant que la série jouit d’une popularité sans cesse grandissante. Finalement, adapter, ce n’est pas plus rapide que de tout créer de A à Z. Il faut la même rigueur. Ce que vous gagnez en temps au niveau de l’intrigue, vous le perdez facilement à structurer.
Cela dit, je ne me suis pas mis la pression en pensant à tous les fans de la saga. J’ai travaillé sereinement sur la BD et j’espère que les fans et « novices » s’y retrouveront pleinement.
Il y a la relance de la série Garous. Une autre série se profile également à l’horizon Il s’agira d’un thriller fantastique…
Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis réunis comme on ne s'y attendait pas.
D'après Stephenie Meyer.