Licia Troisi écrit des histoires depuis l’âge de sept ans. Si ses études l’ont conduite vers l’astrophysique et un poste à l’Observatoire de Rome, sa passion pour l’écriture de l’a jamais quittée. A 23 ans, elle publie le premier volume des Chroniques du Monde Emergé chez Mondadori, la plus grande maison d’édition italienne. Ses romans sont rapidement devenus des best-sellers.
Fantasy.fr a interviewée Licia lors de son passage à Paris en juin dernier.
Merci à Agathe Sanz pour la traduction et à Cyril Lenoble pour la retranscription.
Ma source d'inspiration est l'art et tout ce qui m'arrive dans la vie. C'est assez hétérogène ça peut être un livre, une chanson, une expérience. Tout ça peut me servir de référence. Mais dans le cas précis de Nihal, ce qui m'a le plus inspirée c'est Berzerk, un manga de Kentaro Miura qui présente un univers assez sombre et une grande capacité d'introspection psychologique des personnages. C'est ce qui m'a inspirée le plus pour ce personnage.
À l'époque où j'avais un peu plus de temps dans ma vie, j'avais l'habitude de me raconter des histoires. Depuis mon enfance, je me racontais des histoires que j'inventais, tous les soirs. Un jour j'ai eu l'idée de ce personnage, Nihal, et de soir en soir, de nuit en nuit, j'ai inventé des histoires avec. Jusqu'au point où je me suis dit que je devrais les écrire. C'est ce que j'ai fait ! J'ai commencé par prendre des notes, puis j'ai fait un plan. J'ai commencé à inventer l'univers, dessiné la carte du monde et donné des critères à ce monde, tout ça pendant 2 ou 3 mois. Puis j'ai commencé à l'écrire.
Mon histoire est à la fois banale et extraordinaire, une fois terminé, j'ai envoyé mon livre à des maisons d'édition, pas tellement dans l'optique d'être publiée parce que je n'y croyais pas tant que ça, mais par respect pour le travail que j'avais fourni. Je l'ai envoyé d'une part à une petite maison d'édition qui avait lancé un concours et d'autre part à la plus grande maison d'édition italienne qui s'appelle Mondadori. La petite maison d'édition ne m'a jamais contactée mais par contre au bout de 4 mois Mondadori m'a contactée pour publier le livre !
Je l'ai envoyé en mars 2003 et on m'a répondu en juillet 2003 et il est sorti en 2004.
Le principal travail a été de donner une identité forte à chacun des trois livres parce que j'avais écrit le tout comme un seul livre de 1.200 pages. Mondadori m'a dit qu’il était un peu difficile de publier un livre de 1.200 pages d'une jeune femme inconnue de 23 ans. Ils m'ont donc proposé de le diviser en 3 et c'est ce qui a donné le plus de travail.
D'une certaine manière j'évolue constamment dans l'univers de la Fantasy. Chez moi, il y a plein de statues de dragons, d'elfes que je me suis achetées. Au mur il y a une épée que mon mari m'a offerte quand mon livre est sorti. C'est mon univers quotidien, mais en même temps j'ai vraiment les pieds sur terre et je vis dans la réalité. Je vis mon succès d'une manière quasiment désabusée, très concrète et très pratique. C'est assez paradoxal. Le monde de la Fantasy est celui auquel j'aspire mais je suis très ancrée dans le réel.
En Italie, la Fantasy est actuellement en train de sortir du ghetto. Cela a longtemps été réduit à un certain nombre de gens qui s'intéressaient à ce style ; mais à partir de la sortie de Harry Potter et surtout du premier film du Seigneur des Anneaux, cela a commencé à toucher beaucoup plus de gens, des gens qui avant ne s'y intéressaient pas du tout, mais surtout des jeunes.
D'une part les lecteurs sont jeunes et les héros de ces livres, Harry Potter ou Nihal, sont des ados. Il y a donc une identification immédiate avec les personnages ; des adolescents qui sont en train de vivre leur croissance et les lecteurs la vivent avec eux. D'autre part dans ces livres, on décrit une sorte d'idéal avec des valeurs comme la liberté ou la libération vis-à-vis des forces obscures. Ce sont des valeurs hautes vers lesquelles l'Homme en général tend mais qu'on ne retrouve pas dans le monde actuel, d'autant plus pour des adolescents qui dans cette période intense de leur vie voient le monde en noir et blanc. Ils ont besoin de s'identifier à des valeurs plus nobles que celles qu'ils vivent dans leur quotidien.
En fait ce n'est pas mon choix personnel. Quand j'ai commencé à écrire, j'imaginais le lecteur idéal comme quelqu'un à peu près de mon âge. C'est la maison d'édition qui a décidé que le lecteur idéal était plutôt un adolescent. C'est donc la maison d'édition qui a mis cette étiquette de littérature jeunesse. Ce n'est pas dans cette optique-là que j'avais écrit.
À cette époque-là, j'avais envie d'écrire sur ma propre adolescence, donc un personnage de 16 ans m'est venu spontanément. Pour moi, le chiffre 16 a quelque chose de magique, d'un peu particulier. Quand j'étais petite j'avais hâte d'avoir 16 ans car à cet âge-là on est un peu grand mais pas trop, on peut continuer à s'amuser. C'était donc surtout lié à mon désir de parler de mon adolescence.
Ça me fait plaisir d'entendre ça. Ce qui m'intéresse c'est de raconter l'histoire de personnages et si ça passe, mon but est atteint.
Je suis d'accord, moi aussi !
Je ne sais pas vraiment. Choisir un genre est quelque chose de très inconscient. Je ne me sens pas très attirée par la science-fiction et je n'en ai pas lu beaucoup. Je pense que la Fantasy et la SF sont à deux extrêmes. Leur point commun est de chercher le sens du monde et de sa création, mais l’un est dans le futur et l'autre dans le passé. Visiblement, je me sens plus attirée par le passé, peut-être parce que je suis un peu pessimiste.
Dans la deuxième trilogie, c'est le même univers de Fantasy et il y a des petits rappels des personnages, mais ça se passe plus tard et c'est vraiment une histoire différente, avec d'autres personnages. La troisième se déroule encore plus tard avec des personnages qui apparaissent de manière très originale. Je n'ai pas l'intention de réécrire sur Nihal qui est personnage lié à la première histoire, bien que mes lecteurs et mon éditeur me demandent d'écrire encore sur Nihal. Mais pour moi c'est fini.
Pour l'instant j'ai encore des choses à dire sur le Monde Émergé ? Je verrai si j'ai encore des choses à dire après ça.
Oui, ça me plairait. En ce moment il y a un projet italien, une maison de production qui a acheté les droits pour un an. Mais c'est très difficile parce que la tradition de films de ce genre n'existe pas en Italie et que les effets spéciaux coûtent très cher. Ils cherchent donc une production européenne... Je croise les doigts, j'aimerais bien que ça se fasse.
(Rires) On a fait ce jeu sur mon forum : j'ai demandé à mes lecteurs de faire un casting. Ils ont choisi des grands noms, il y en a beaucoup, beaucoup !
Non, je n'ai pas de personnes particulière en tête mais en revanche je suis très visuelle dans ma manière d'écrire. Je vois précisément les scènes de façon très visuelle, très décrite, très précise et ensuite je les relie avec l'histoire.
Je suis passionnée par la bande dessinée et il y a également un projet en Italie pour faire une BD. Et je crois que ça me plairait presque plus que le cinéma.
(Rires) Je ne sais pas... Il y a eu tellement de questions que je crois avoir couvert tout le sujet. Par contre j'aime bien que l'on me fasse des remarques sur le mon livre, des interprétations que je n'avais pas imaginées...
Je suis en train d'écrire ma nouvelle trilogie du Monde Émergé et en Italie il y a une nouvelle saga qui est en train de sortir en 5 volumes, La Jeune fille Dragon. J'ai écrit le premier et en ce moment je me documente beaucoup pour le deuxième. C'est du fantastique mais ancré dans le monde réel, un peu dans le genre d'Harry Potter. Il y a également un livre illustré qui va sortir en Italie autour du Monde Émergé avec les personnages, les épées ainsi que des mini-textes.
Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis réunis comme on ne s'y attendait pas.
D'après Stephenie Meyer.