Par Emmanuel Beiramar | Emmanuel Beiramar et traduits par Cyril Lenoble'Le professeur Shusuke Kaneko distribue des Death Note
Qu'est-ce que cela vous fait de présenter votre film en Europe ?
J'ai envie que le public européen puisse voir mon film depuis assez longtemps. Donc je suis heureux d'être ici et de le montrer. J'étais très curieux de voir la réaction du public européen et de la comparer avec celle du Japon. J'ai été très content de recevoir de si bons retours ici, au
BIFFF. J'espérais qu'un distributeur qui serait intéressé par le film viendrait, mais je n'en ai pas encore vu.
Qu'est-ce qui vous a attiré dans "Death Note" ? Pourquoi avoir choisi d'en faire une adaptation cinématographique ?
Je pense que c'est très contemporain. Dans la vraie vie, il semble aussi que se soient les gens les plus faibles qui peuvent faire le plus de choses. Avec Internet ils peuvent par exemple facilement critiquer des gens importants. C'est l'âge dans lequel nous vivons qui rend plus facile le fait que les gens jugent d'autres personnes. Sur cette base, l'histoire est une complète fiction mais sur laquelle on a un sentiment de réalité. Sentiment que j'espère avoir capturé dans le film.
A quel point avez-vous suivi l'histoire originale de Tsugumi Oba et Takeshi Obata ?
Certaines choses que nous avons faites suivent complètement le manga d'origine. Pour d'autres nous nous en sommes complètement éloignés. Par exemple le personnage de Shi-Uri, la petit amie du début, n'est pas dans le manga ; c'est donc un personnage complète neuf pour le film. D'un autre côté, nous avons dû suivre à la lettre les règles qui sont écrites dans le livre, nous ne les avons absolument pas changées. Donc, à part pour les règles, nous avons été assez libres de faire ce que nous avions envie. Nous avons changé un peu certaines choses mais nous sommes restés dans l'esprit général du manga.
Les auteurs vous ont-ils donné leur avis sur l'adaptation ?
Tsugumi Oba, qui a écrit l'histoire, est quelqu'un de très mystérieux. Peu de monde a vu son visage. On ne sait pas de qui il s'agit réellement ! Cette personne ne communique avec les autres qu'au travers de son éditeur. Je ne sais donc pas ce qu'il pense du film, ni même s'il l'a vu. Mais d'un autre côté, je sais que
Takeshi Obata, le dessinateur, est un grand fan de mon travail et de mes films en prises de vues réelles. J'adore aussi son travail ! Il a vu le film et en a été très content. On s'est même échangé nos autographes... Nous sommes tous les deux fans du travail de l'autre !
A quelles difficultés avez-vous dû faire face durant le tournage ?
Une des scènes qui a été particulièrement difficile a été celle du métro. Comme il est interdit de tourner dans le métro de Tokyo, nous avons dû aller sur l'île de Kyushu. Là-bas, un train spécial a été mis à notre disposition pour le tournage, mais nous n'avons pas eu beaucoup de temps. Nous avons dû nous dépêcher et nous n'avons pu faire qu'une seule prise.
Les scènes avec le Dieu de la Mort ont bien sûr été compliquées aussi. Durant les répétitions nous avons utilisé des mannequins sur le plateau, et quand nous avons vraiment filmé, nous avons retiré les mannequins et les acteurs ont dû utiliser leur imagination. Nous avons ensuite utilisé les effets spéciaux numériques.
A-t-il été difficile de trouver les deux acteurs principaux ?
Pour
Tatsuya Fujiwara qui joue Light Yagami, ça été assez simple car le producteur a suggéré que ce soit lui. De plus, je le connaissais et je savais qu'il est l'un des meilleurs acteurs de sa génération. C'était facile de lui faire confiance : il a très bonne réputation et je connaissais son talent. Pour
Kenichi Matsuyama, ça a été différent. Il a passé une audition et je l'ai rencontré. Je me suis dit qu'il était capable d'y arriver, mais seulement après l'entrevue.
Est-ce que vous avez laissé sa liberté d'interprétation à l'acteur qui joue L. ou l'avez-vous beaucoup dirigé ?
Je lui ai donné quelques repères, des suggestions sur l'atmosphère. D'avoir toujours l'air calme et relax. Je l'ai appelé un jour avant le tournage pour lui donner quelques indications sur son comportement, ses postures. C'étaient les grandes lignes de ce que je lui suggérais.
Le réalisateur Ideo Nakata a dit qu'il aimerait faire un spin-off de Death Note. Qu'en pensez-vous ?
C'est un peu bizarre, la première fois qu'on a parlé de ce
spin-off, je n'étais pas très sûr si moi-même j'avais envie de le faire. Une partie de moi voulait le faire et une autre ne le sentait pas. Mais quand j'ai entendu que
Nakata allait le faire, j'ai trouvé ça bizarre. S'ils avaient choisi un autre réalisateur pour le faire, quelqu'un d'inconnu, j'aurais immédiatement oublié ce projet et je ne m'en serais pas tellement soucié. Mais maintenant que je sais que
Nakata va le faire, ça m'intrigue un peu.
Préférez-vous L. ou Light ?
C'est superficiel, enfin à la surface des choses. Light est jeune et intelligent et a un sens de la justice assez particulier. L. est brillant et malin mais ce n'est pas quelqu'un que l'on peut apprécier.
Pourquoi avez-vous choisi les Red Hot Chili Peppers pour la bande son ?
Le distributeur du film au Japon et dans le reste du monde est
Warner Bros. Ça nous a fait un lien avec
Red Hot Chili Peppers. De plus, nous avons entendu dire que
Flea [NDLR, le bassiste des
Red Hot] est un grand fan de manga et qu'il avait lu et beaucoup aimé
Death Note. C'est pour cela que nous avons eu la permission d'utiliser leurs chansons.
Que feriez-vous avec un Death note entre les mains ?
Il y a quelques personnes que je n'aime pas alors je serais peut-être tenté de l'utiliser. Mais si je l'utilisais après je le regretterais. Alors...