L'écrivain James Lovegrove a accepté d'écrire quelques mots à propos de J.G. Ballard.
J’ai commencé à lire Ballard assez tard dans la vie, vers l’âge de vingt-cinq ans, alors je ne peux pas affirmer que son œuvre a eu un impact direct et formateur sur mon écriture. Le premier livre que j’ai lu de lui fut Le Monde englouti, et j’ai toute de suite compris qu’il s’agissait d’un romancier de science-fiction qui à la fois comprenait à fond et choisissait délibérément d’ignorer toutes les conventions du genre. Ses intrigues avaient un côté d’aventure, mais pour l’essentiel il s’intéressait plus au parcours interne de ses personnages, leur exploration de leur for intérieur. Cet aspect-là atteigne sa forme la plus développée dans Le Jour de la création, à mon avis. Il y avait aussi quelque chose d’étrangement séduisante dans la rigueur acérée de sa prose. On avait l’impression qu’il était en train de diagnostiquer plutôt qu’écrire. Le monde et l’humanité étaient des sources constantes d’émerveillement pour lui, comme s’il était un visiteur venu d’une autre planète qui avait réussi à intégrer nos coutumes et nos rituels, tout en restant quelque peu perplexe.
Dans ses romans tardifs, il avait l’air d’avoir affûté ses idées et ses thèmes à un tel point qu’on dirait un artiste en train de peindre et re-peindre le même arbre, sans arrêt, n’introduisant que de petites différences à chaque fois. Au début de sa carrière, pourtant, on sentait qu’il était vraiment fasciné par son propre paysage mental, capable de peindre cet arbre de diverses façons les plus bizarres, souvent troublantes, voire repoussantes.
Il n’y a jamais eu un autre écrivain SF comme lui, et c’est un peu dommage que sa renommée vienne des ouvrages non-SF comme Crash ! et Empire du Soleil. Il était sans peur, quelqu’un de très cultivé et esthétiquement raffiné qui ne ressentait aucune honte à écrire dans un idiome (SF) qu’il aimait bien. Comme ambassadeur de notre genre et tout ce que ce genre peut offrir, on ne pouvait pas rêver de mieux.
James Lovegrove
En version originale :
I came to Ballard late, in my mid-twenties, so his work wasn't a direct formative influence on my writing. My first exposure to him was The Drowned World, and immediately I understood that here was a science fiction novelist who both understood and chose to disregard the conventions of the genre. His plots had an adventure aspect to them, but essentially he was interested in his protagonists' inner journeys, their explorations into themselves, most fully realised, I feel, in The Day Of Creation. There was, too, something eerily alluring about the steely rigour of his prose. One got the impression he was less writing, more diagnosing. The world and humankind were a constant source of wonder to him, as though he were a visitor to this planet who'd managed to absorb our customs and rituals while remaining every so slightly baffled by them.
In his later novels he seemed to have honed his ideas and themes to such a degree that he seemed like an artist painting the same tree over and over, making it only marginally different each time. In his earlier books, however, there is the sense of an author truly fascinated by his own mindscape, painting that tree in a variety of bizarre, often disturbing, sometimes repellent ways.
There has never been an SF novelist like him, and it's a shame that his greatest public renown stems from his non-SF work, principally Crash and Empire Of The Sun. He was fearless, aesthetically and culturally refined, unashamed to write in an idiom (SF) that he loved, and as an ambassador for the genre and all the genre can be, the finest one could hope for.
James Lovegrove
Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis réunis comme on ne s'y attendait pas.
D'après Stephenie Meyer.